Selon Isabelle Verdier, journaliste au MOCI, le port de Marseille-Fos, qui réalise une partie importante de son trafic avec l’Algérie, subit de plein fouet les nouvelles mesures restrictives décidées fin juillet par Alger dans la loi de finances complémentaire pour 2009 quant aux modalités d’importation de marchandises.
Publiée au JO algérien n°44 du 26 juillet, cette loi prévoit notamment dans son article 69 que « le paiement des importations s’effectue obligatoirement au moyen du seul crédit documentaire ». Une disposition applicable depuis le 4 août 2009 et qui a abouti au blocage de nombreuses marchandises car jusqu’à présent la majorité des importateurs algériens n’utilisait pas la procédure du crédit documentaire (Credoc), mais plus celle de la remise documentaire (Remdoc). Celle-ci leur permet des facilités de trésorerie en ne mobilisant leurs liquidités qu’en fin de cycle d’importation.
Au port de Marseille-Fos, les effets de cette mesure sont immédiats. Interrogé le 13 août par Le Moci, Bernard Vidil, directeur général de la compagnie maritime Marfret, signale qu’il a dû suspendre la semaine dernière le départ d’un navire roulier (ou « Ro-Ro » dédié au transport de véhicules) faute de marchandises. « Demain, ajoute t-il, on va faire partir un navire avec 50 % de marchandises en moins ». Marfret propose en temps normal deux départs par semaine de navires rouliers sur le trajet Marseille-Alger et six départs par semaine de navires porte-conteneurs entre l’Europe du Sud et l’Algérie.
Même son de cloche du côté du manutentionnaire Intramar, qui gère le terminal de conteneurs de Mourepiane situé dans les bassins Est à Marseille, qui génère 35 à 40 % de son trafic avec l’Algérie. Son directeur général, Michel Henry, interviewé par Le Moci le 13 août, déclare qu’en début de semaine « pour la première fois un bateau à destination d’Alger est resté à quai pendant cinq jours dans l’attente de marchandises. Aujourd’hui, il y a 50 % de marchandises en moins qui sont envoyées vers l’Algérie et aucun approvisionnement n’a été réalisé au début de cette semaine », signale t-il.
Pour ces deux opérateurs la situation est critique, non seulement pour les transporteurs, mais aussi pour l’ensemble de l’économie de la ville de Marseille. « Très affectée, l’activité des bassins Est du port de Marseille, tournée en grande partie vers le Maghreb, va être mise en péril », estime Bernard Vidil. De son côté, Michel Henry est « très inquiet pour le commerce marseillais dans son ensemble ». D’autant que la période morte du mois d’août en France et le début, dans une dizaine de jours, du mois sacré du Ramadan en Algérie ne vont pas contribuer à faire évoluer positivement les choses.
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